La belle ancolie est une plante emblématique des Alpes, protégée sur tout le territoire. Il semble que son irrésistible beauté ait toujours excitée notre imaginaire. Pourvu que ça dure.
L’ancolie doit son nom latin « Aquilegia » à la forme de ses éperons qui rappellent les serres et le bec d’un aigle, « aquila ». Dans la Rome antique, ses graines étaient considérées comme aphrodisiaques. Au Moyen-Age, la plante à la réputation sulfureuse est utilisée pour confectionner des parfums censés rendre irrésistible… Comme la plupart des renonculacées, les tissus de la belle plante renferment des alcaloïdes toxiques. Une arme défensive qui ne l’a pas toujours protégée de son pouvoir de séduction vis-à-vis des hommes. La cueillette peut faire des ravages dans une colonie d’ancolie. L’aménagement de la montagne, près des stations de ski notamment, peut lui aussi menacer la plante localement. Mais globalement, la plante est bien protégée et son territoire aussi, notamment par des arrêtés de protection de biotope, des réserves naturelles ou encore des sites Natura 2000. L’ancolie des alpes n’a donc pas fini de nous faire rêver…
L'ancolie des Alpes à la loupe
Nom latin : Aquilegia alpina
Nom vernaculaire : Ancolie des Alpes
Famille : Renonculacées
Reconnaissance : Les fleurs d’ancolie, d’un bleu azur profond, peuvent atteindre 9 cm de diamètre. Elles sont dressées sur des tiges hautes de 30 à 50 cm. Les feuilles, d’un vert bleuté, sont 2 à 3 fois divisées en segments incisés, dentés et cunéiformes. Un pied d’ancolie porte 1 à 4 fleurs qui se composent de 5 sépales pétaloïdes et de 5 petits pétales disposés en tube corollaire terminé par un éperon à peine courbé au sommet. La floraison a lieu entre juillet et août.
L’ancolie des alpes aime les stations fraîches et ombragées en milieu calcaire
Ecologie – répartition : L’ancolie des alpes recherche des situations ombragées et fraîches. Elle affectionne particulièrement les milieux calcaires. On la trouve sur les pentes humides et herbeuses, les pelouses rocheuses exposées au nord, les rebords gazonnés des rochers et les bordures d’aulnaies vertes. On observe aussi parfois l’espèce coloniser les fissures de rochers sur substrat acide. On retrouve l’ancolie aux étages subalpins et alpins.
L’ancolie des alpes est endémique des Alpes occidentales et du nord des Apennins. En France, on la retrouve dans tous les départements alpins, des Alpes-Maritimes à la Haute-Savoie. Elle est plus abondante dans les hautes montagnes calcaires du massif alpin.
Le ressenti de Denis Jordan, botaniste spécialiste des plantes rares, sur l'ancolie des Alpes :
« L’observation la plus forte en émotion avec la belle ancolie des Alpes est celle effectuée en 2001 sur le revers nord de la Pointe de Vorlaz à Montriond. C’était sur une pente où alternaient hautes herbes et pelouses, parsemée de gros rochers. L’ancolie, représentées par des dizaines de pieds, déployait ses grandes corolles d’un bleu intense. Mais le caractère exceptionnel de cette observation est dû surtout à la présence dans son voisinage immédiat de deux espèces qui comptent parmi mes préférées de la flore alpine : le saule glauque soyeux, un arbuste de 1 à 1,50 m aux feuilles grises argentées, et la laiche ferme, qui forme de petits coussins aux feuilles très courtes et piquantes. Et si l’on ajoute à ce tableau, la fétuque jolie et l’orchis nain des Alpes, tous deux protégés…. De ma vie de botaniste, jamais je n’ai rencontré une si forte concentration sur un tout petit espace d’espèces emblématique de la flore des Alpes. »
Sources bibliographiques
- « La flore rare ou menacée de Haute-Savoie », Denis Jordan, Naturalia Publications.
- Telabotanica
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