La découverte des plantes sauvages comestibles de nos montagnes nous ouvre un peu plus sur le vivant en faisant appel à nos 5 sens
Le gazon, l’herbe, le « vert »… Nous piétinons au quotidien un « tapis » végétal sans se soucier de ce qu’il y a sous nos pieds. Et pourtant, autour des maisons ou en forêt, les herbes souvent désignées comme « mauvaises », quand nous leur prêtons un peu d’attention, nous révèlent bien des secrets. Quand on commence à ouvrir nos sens à ce monde si discret, on arrive vite à identifier différentes espèces avec leurs caractéristiques propres… L’odeur envoûtante de la matricaire odorante, la texture siliceuse des feuilles du chénopode Bon-Henri, le goût surprenant des fruits de la berce la beauté des fleurs de sureau, le bruissement des feuilles de bouleau… Et finalement on se surprend à regarder où on met les pieds !
J’ai essayé de faire un focus sur quelques plantes comestibles de montagne en mettant en avant leur histoire, leurs vertus, une recette pour la cuisiner, et des conseils concernant la cueillette : l’écologie et l’habitat de la plante, les bonnes périodes de récolte, l’apparence… Toutes ces indications doivent être bien prises en compte avant de cueillir une plante. Et la meilleure façon d’être sûr de sa cueillette est encore d’aller sur le terrain avec quelqu’un qui a été formé pour ça.
Quelques règles de cueillette
- Penser à inscrire la cueillette dans le temps. Ne jamais choisir des plantes isolées, seulement des groupes denses où quelques pieds seront récoltés (Passer outre votre peur de manquer ! Ne prélevez que ce dont vous avez besoin).
- Ne jamais cueillir de plantes protégées. Se référer à la liste d’espèces végétales protégées au niveau national ou régional.
- Toujours respecter les sites de cueillette. Se renseigner en amont sur le statut de protection du site et sa réglementation, ex : Réserve Naturelle, zone Natura 2000, protection de biotope… Prenez soin des lieux de cueillette même s’ils ne bénéficient pas d’un statut de protection.
- Se renseigner sur les réglementations en vigueur dans votre département concernant la cueillette de certaines espèces non protégées : quantités à récolter, utilisation d’outils (ex: Haute-Savoie).
- Ne récoltez ni ne goûtez jamais une plante qui n’a pas été identifiée de manière rigoureuse.
- Fuir la pollution des bords de routes, des chemins, des cultures intensives, des jardins publics…
- Prendre en considération les risques liés à la consommation de plantes sauvages, ex : Echinococcose, douve du foie.
Pourquoi les plantes sauvages comestibles ?
Cueillir des plantes sauvages n’est pas un acte anodin. La cueillette nous permet de rétablir un équilibre qui s’est rompu en quelques générations. Comme le rappelle l’ethnobotaniste François Couplan : « Pendant quelques 3 millions d’années, soit plus de 99% de son existence sur terre, l’homme s’est nourri de plantes sauvages. » En domestiquant les plantes et les animaux, il y a 10 000 ans, l’homme a profondément modifié ses habitudes alimentaires et sa vision du monde qui l’entoure. Yuval Noah Harrari dans son livre Homo Deus le résume ainsi : « Les nouveaux paysans se croyaient au sommet de la création. […] Les sociétés se sont mises à exploiter les animaux, mais aussi diverses classes de gens comme des propriétés ». Les plantes sauvages vont continuer à être consommées en complément des produits de l’agriculture pendant un temps. Mais avec la révolution industrielle, elles deviennent le symbole de la pauvreté des campagnes et vont être définitivement supplantées par la viande et les légumes standardisés, symboles de la richesse des villes.
Nous redécouvrons aujourd’hui les bienfaits des plantes sauvages comestibles. La cueillette instaure un moment de connexion avec la nature qui nous fait tant défaut dans notre mode de vie moderne. Les plantes sauvages poussent spontanément dans le milieu qui répond le mieux à leurs exigences et ont souvent une valeur nutritive plus élevée que les plantes cultivées. Manger des plantes sauvages, c’est faire corps avec son environnement : la cueillette nous incite à prendre soin du milieu qui nous nourri.
Zoom sur une plante sauvage comestible
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